La création naît souvent de mélange d’influences. Chez Zoar Miaraka, ce sont le skate et la musique, qui l’ont nourri jusqu’à la création de sa marque, qu’il veut à son image : engagée et porteuse de valeurs.

Zoar s’est installé dans son atelier en 2017. Photo Nicolas Gallien.

L’adolescence est un moment capital pour le passage à la vie d’adulte. Ces quelques années, fondent, pour beaucoup, les socles sur lesquels s’appuyer plus tard : culture, loisirs, mode de vie…

Pour Zoar Miaraka, cette période a été marquée par le skate et l’univers “street“, à savoir le rap et le “streetwear“ : « Ado, je ne me déplaçais qu’en skate, avec mes potes, on ne faisait que ça. Avec la drum&bass (style musical anglais très populaire du milieu des années 1990 à la fin des années 2000, N.D.L.R.), je crois que ça m’a marqué ! » Le sourire du Montpelliérain est contagieux. Son visage s’illumine quand il parle de ces mikis fièrement accrochés au mur de son petit atelier du quartier des Arceaux. 

En puisant dans ses influences, Zoar a revisité ce petit bonnet qui vient du nord : « À la base, ça protégeait les marins bretons du froid, mais laissait les oreilles découvertes pour entendre le large. C’est vraiment un chapeau traditionnel. » Le trentenaire décide donc de le mettre à son goût, plus moderne et “street“ : il garde la forme générale, mais construit le bonnet avec cinq pans de tissus plutôt que six, à l’image des casquettes “five panels“ portées dans les milieux skate et hip-hop. « Ça correspond à ma vision, beaucoup plus moderne. »

Une mode consciente et réfléchie

Au-delà de l’aspect créatif, Zoar Miaraka veut développer une vision de la mode plus locale et moins gourmande en ressources : « Dans les grandes enseignes, la “fast fashion“ (courant consistant à multiplier les collections pour apporter toujours plus de nouveautés en magasin, N.D.L.R.) fausse tout. La mode est l’une des industries les plus polluantes au monde, je ne voulais pas contribuer à ça. »

Alors, l’ancien skateur s’engage dans le courant du slow-fashion. Il conçoit ses mikis grâce à l’up-cycling : le créateur récupère ses tissus sur de vieux jeans, qu’il lave et découd pour avoir une toile vierge. Ensuite, les pans de tissus sont découpés à la machine laser avant d’être assemblés à la main. Zoar jongle entre sa machine à coudre, sa poinçonneuse et différents outils : il fait tout, tout seul, et n’a jamais pris de cours de couture. « Ma mère m’avait quand même appris à coudre, mais je n’ai pas fait d’études en rapport avec ça. Il y a des choses que je fais qu’il ne faudrait pas montrer en école de mode », glisse-t-il entre deux sourires.

« L’économie circulaire, c’est sain pour tout le monde. »

Zoar Miaraka

Toujours est-il que l’idée plaît. Depuis son installation dans son atelier en 2018, les affaires vont bien, et Zoar a dû chercher de nouveaux fournisseurs : « Au début, je récupérais de vieux jeans par des connaissances. Au fur et à mesure, j’ai dû aller vers les centres de collecte pour récupérer des toiles, mais aussi chez les fripes au kilo. C’est une économie circulaire, qui est saine pour tout le monde. C’est aussi, pour moi, une voie logique de développement pour la mode. » La tête pleine d’idées et bien couverte par son miki, Zoar n’a pas fini de changer la mode.

Zoar revient sur le processus créatif de sa marque, et pourquoi il a choisi une mode engagée pour développer Miaraka. Vidéo Nicolas Gallien.

fzdqzs

La mode, industrie parmi les plus polluantes au monde

Si la mode s’est longtemps cachée derrière son petit doigt, le réchauffement climatique a montré les limites de l’industrie textile. Selon plusieurs études, c’est la cinquième plus polluante au monde.

En cause, l’accélération de la fast fashion, amenant une hausse continue de la consommation de vêtement. Selon l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), la quantité de vêtements achetés dans l’Union européenne (UE) a augmenté de 40 % entre 1996 et 2012. En 2015, les Européens ont acquis 6,4 millions de tonnes de nouveaux habits et chaussures, selon une étude du Parlement européen. A l’échelle mondiale, la tendance est la même : 100 milliards de vêtements ont été consommés dans le monde en 2014, selon Greenpeace. Cette frénésie de consommation connaît un bond depuis les années 2000. À noter que les français se situent dans la moyenne basse européenne, avec 9 kg de vêtements achetés par personne et par an, pour une moyenne à 12,6 kg.

Une industrie très gourmande

L’industrie de la mode est une grosse consommatrice de matières premières, notamment de coton, qui représente un quart de la production mondiale de textiles. Sa culture n’est pourtant pas sans conséquence pour l’environnement. Un rapport des Nations unies estime qu’il faut 7 500 litres d’eau pour fabriquer un jean, soit l’équivalent de l’eau bue par un être humain pendant sept ans.

Nécessaire à toutes les étapes de fabrication d’un vêtement, l’eau est aussi indispensable pour appliquer teintures et produits chimiques. Quatre-vingt-treize milliards de mètres cubes d’eau sont employés chaque année par l’industrie textile, selon la Fondation Ellen MacArthur.

En fait, se pose le problème des rejets de CO2. Pour transporter les vêtements fabriqués depuis l’Asie, les bateaux cargo et avions sont le plus souvent utilisés avec, à la clef, des coûts environnementaux importants. S’ajoute également les émissions de gaz à effet de serre liées à la production des matières premières, par le biais de l’élevage de vaches, pour produire du cuir, ou de moutons, pour produire de la laine. De quoi donner à réfléchir pour une mode qui soit, demain, plus responsable.

Cet article vous a plût ? N’hésitez pas à le partager sur les réseaux !

Categories:

Tags:

No responses yet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *