Déjà engagé dans l’aventure du Made in France avec sa marque 1083, Thomas Huriez voit plus loin. En 2018, il a repris l’entreprise Valrupt Industries, dans les Vosges, spécialisée dans le tissage coton.

« Quand je dis un truc, je le fais. » Chez Thomas Huriez, tout se fait en cohérence. Il ne trouvait aucun jean qui correspondait à ses exigences ? Il a créé sa propre marque, 1083. Il ne trouvait plus d’ateliers de confection ? Il a installé le sien dans un ancien supermarché. Alors, quand il ne trouvait plus de filature de coton 100 % fabriqué en France, il décide d’en reprendre une. Un choix géographique s’impose vite : les Vosges, spécialisées dans le domaine.
La région a tristement vécu un destin similaire à celle de Romans-sur-Isère, fief de 1083. Fleuron de l’industrie de la chaussure en cuir, la ville drômoise s’est effondrée pendant les années 1980, en pleine période de délocalisation vers l’Asie.
Même schéma pour Gérardmer et ses environs : berceau de la filature française du coton, ce petit coin vosgien, entre Lorraine, Alsace et Allemagne, a pourvu la France et l’Europe en tissus de qualité pendant 200 ans, au point d’employer plus de 40 000 personnes avant la Seconde Guerre mondiale. Mais l’explosion de la mondialisation, liée à la crise des années 1970, a mis à mal ce secteur.
Une filière pour les entrepreneurs français
En 2018, le Drômois tente de reprendre Valrupt industries. C’est finalement avec l’appui de la fondation Terre & Fils, de la Banque des territoires, du fond régional du Crédit agricole et de la Banque publique d’investissement qu’il convainc Denis Heinrich, directeur de l’entreprise, de sauver l’usine. « Les toiles denim de nos jeans sont confectionnées ici. Ca me paraissait logique de conserver ça, en l’intégrant à 1083 », pointe le trentenaire. Tissage de France voit donc le jour.
« Nous aurions probablement disparu à l’heure qu’il est. »
Denis Heinrich
À la clef, une trentaine emplois conservés sur les 50 que compte l’entreprise. « C’est une perte, mais c’est toujours mieux que la disparition », note Denis Heinrich.
« Sans ça, nous aurions probablement disparu à l’heure qu’il est. Mais les 700 000 euros investis ne sont pas seulement destinés à la croissance de 1083. Le but est aussi que d’autres entrepreneurs textiles français puissent profiter de ce savoir-faire, à l’image des polos Jean Fil.
Leur coton gersois est filé ici, dans les Vosges, avant que le tissu soit confectionné et le polo assemblé, toujours dans la même usine. « C’est une chance pour nous », sourit Yohan de Wit, l’un des trois fondateurs de la marque. « Ça nous permet de faire un polo 100 % made in France. » Pour Thomas Huriez, « le but, c’est que ça rejaillisse sur tout le monde. » L’entrepreneur voit au-delà de son entreprise, avec l’idée que l’initiative collective vaut mieux que les actions individuelles. Alors, demain, verra-t-on un nouvel âge d’or du textile français ?
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Du coton neuf… avec du vieux
Faire du neuf avec du vieux, c’est un peu l’idée qu’ont eu Thomas Huriez et Guillaume Gibault, fondateur du Slip français. Les deux entrepreneurs ont établi le même constat : la production textile en France augment mais la matière première, le coton, n’a que peu produite en France. « Il y a un vrai manque », appuie Thomas Huriez. « Surtout quand on voit le nombre de vêtements jetés chaque année » déplore Guillaume Gibault. Alors, pourquoi ne pas recycler cette matière première ? Ainsi, courant 2020, Tissage de France va aussi devenir producteur de coton. Les vêtements vont être détricotés, avant d’être retraités et transformés en bobines de fil vierge, prêtes à être utilisées pour fabriquer de nouveaux vêtements. Le tout avec un processus respectueux de l’environnement. « C’est un cercle vertueux », poursuit Thomas Huriez. « On limite les déchets, et on aide les marques françaises à se fournir avec une matière locale. » Dans la mode plus que jamais, rien ne se perd, tout se transforme.
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