Peu le savent, mais 50% du lin mondial pousse en Normandie. Épicentre de cette production, le pays de Caux regroupe une multitude de producteurs. La coopérative Terre de lin est le centre névralgique de cette production, ensuite envoyée aux filatures.

Saint-Pierre-le-Viger (76), le 11 mars 2013 : ouverture d’une balle de lin au teillage de la cooperative Terre de Lin. Crédit photo CELC/Sebastien Rande.

Du bord de la route, c’est une coopérative agricole comme une autre. Des hauts hangars de tôle blanche, au milieu desquels circulent tracteurs ou machines agricoles et, à côté, les bureaux de la partie administrative. Sauf qu’à Saint-Pierre-le-Viger, près de Dieppe (Seine-Maritime), pas de silo à grains. Ici, ce sont les balles de lin qui sont stockées, avant d’être manipulées pour être envoyées aux filatures.

Avec 300 salariés et six teillages, difficile de passer à côté de la coopérative lorsqu’on produit du lin en Normandie. « Nous fédérons les producteurs pour traiter la plante en France ; avant, tout était envoyé en Belgique », pointe Laurent Cazenave, chargé de communication. « La Normandie représente la moitié de la production mondiale. Ce n’est pas pour rien : entre l’humidité et la qualité des terres, la plante a l’endroit idéal pour s’épanouir. » Terre de lin collecte ainsi les récoltes de 700 agriculteurs, sur ces différents sites d’Eure et de Seine-Maritime.

Une production vertueuse et en hausse

Avant d’utiliser la plante, pour la filière textile ou d’autres applications (isolation des bâtiments, cordes de raquettes de tennis, etc.), il y a différentes étapes à respecter. Ces opérations se font toujours en France par la volonté d’acteurs comme Terre de lin. « La décision a été prise au début des années 2000 de maintenir le peignage par conviction. Nous savions que la créativité allait partir de l’Europe », sourit Laurent Cazenave. Bien lui en a pris. Si le lin, fibre utilisé dans la confection de vêtements depuis l’Antiquité, ne représente désormais plus que 0,4 % de la production textile mondiale, il connaît un regain d’intérêt. « En 10 ans, le prix d’un kilo de filasse, soit du lin traité et prêt à être envoyé aux filatures, est passé de 1,5 à 3,5 € » souligne Alexis Ménager, liniculteur et créateur de la marque Embrin.

« Les surfaces de production augmentent de 5 % par an »

Laurent Cazenave

Une explosion de la demande que Laurent Cazenave est le premier à constater  « Des marchés comme l’Inde s’intéressent au lin depuis 2012. Récemment, la Chine, pourtant friande de coton, s’y est mise. Depuis 2010, pour répondre à la demande, les surfaces de production en Normandie augmentent de 5 % par an ! »

Une augmentation qui va de pair avec les qualités écologiques de la plante. « C’est une production vertueuse : les semences sont désinfectées à la vapeur, la production ne nécessite pas d’irrigation ni d’intrants » appuie Alexis Ménager. Avec 12 000 emplois directs et indirects, la filière lin normande a de beaux jours devant elle : « Nous mettons en place des outils de traçabilité qui permettent de mettre en valeur la qualité de notre production, avec des labels comme l’AGPL (association générale des producteurs de lin), reconnus par l’Union européenne. » Le lin n’a pas fini de profiter du crachin normand.

jhk

Infographie Nicolas Gallien. Crédit photos CELC/Sébastien Randé.

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