Producteurs de lin, Camille et Alexis Ménager ont voulu passer à l’étape suivante. Ils ont créé leur propre ligne de linge de maison, entièrement en lin, pour valoriser leur métier.

Le pays de Caux, en Seine-Maritime, pourrait tenir de la carte postale normande. Sa côte d’Albatre, ses falaises, et l’intérieur de ses terres d’un vert humide, abondamment arrosé par le fameux crachin local. L’endroit idéal pour y élever du cidre, des vaches… Et du lin. « Souvent, même les Normands ne savent pas que l’endroit est une des meilleures zones pour la production de lin », explique Alexis Ménager.
Ce dernier en connaît un rayon sur le domaine. Sa famille travaille cette fibre naturelle depuis quatre générations. « Ici, le climat est idéal pour le lin » sourit-il. Tracteurs et autres machines agricoles figurent donc au milieu de son exploitation, faîte de hangars aux briques rouges et aux pierres claires. Mais, à l’abri de la pluie, se trouvent des étoffes haut-de-gamme, créées par le trentenaire et sa compagne il y a peu. « C’est notre ligne de linge de maison, Embrin. »
Lancée en 2016, la marque part d’un constat simple : « En allant dans des chambres d’hôtes, nous trouvions toujours le linge, fabriqué en lin, assez décevant. Alors, pourquoi ne pas créer le nôtre, sachant que nous avons la matière ? »
Une filière à reconstruire
Le diplômé en ingénierie agricole et sa compagne, ingénieure agroalimentaire, se lance alors dans la conception de tissus écologique. « Contrairement au coton, le lin est bon pour l’environnement. Il n’y a aucun OGM, ni irrigation, ni défoliant. Toute la production est naturelle, ce qui motivait notre projet. » La traçabilité est également au coeur du projet Embrin. « Une fois le lin récolté, il est transféré à la coopérative Terre de lin. Le lin y est traité puis expédié à un filateur italien », explique Alexis Ménager.
» Le public et les professionnels se tournent vers la qualité. «
Alexis Ménager
C’est ce tissu, tracé via des certificats, qui est ensuite envoyé chez un teinturier dans le Nord. « Toute la confection se fait là-bas. Cette filière était en train de disparaître, comme la filature avant elle. Grâce à nous, et d’autres producteurs, ces ateliers recrutent à nouveau. » En résulte un produit doux et de qualité, fabriqué en Europe et écologique. Le tout est ensuite vendu sur internet ou grâce à des partenariats dans le secteur de l’hôtellerie. « Nos prix sont plus élevés que les concurrents, mais le public et les professionnels se tournent de plus en plus vers la qualité », explique le Normand. « On passe un tiers de sa vie dans son lit. Alors, nos parures coûtent certes 350 euros, mais c’est l’assurance de produits de qualité et, surtout, durables. »
Alors, les affaires aidant, les projets ne manquent pas. De la création d’une boutique à la ferme familiale à un projet de tourisme autour du lin, Camille et Alexis Ménager ont de quoi s’occuper. La création d’une filière locale tient au couple : « Nous voulons réunir les compétences et les mettre en avant. Recréer une filature serait une belle étape. » Pour que le lin trouve sa place, entre cidre et camembert, dans les spécialités normandes.
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