Être précurseur est synonyme d’être en avance sur son temps. C’est aussi la possibilité d’être incompris pendant plusieurs années. Un peu l’image du parcours de Fanny Bannes, créatrice de l’Atelier Tiket, à Montpellier.

L’atelier de Fanny Bannes est situé en plein cœur de Montpellier. Photos Nicolas Gallien.

« Au début, j’étais pris pour une rêveuse, personne ne me prenait au sérieux. » Fanny Bannes est à la tête de sa boutique/atelier, L’Atelier Tiket, depuis maintenant 12 ans. Si elle a très tôt décidé de fabriquer ses vêtements en France, avec des tissus européens et certifiés GOTS (Global organic textile standard, lire par ailleurs), son choix était, à l’époque, plutôt osé. « En 2008, après mes études de mode, je n’avais pas envie de rentrer dans une grande maison, comme mes camarades de classe. Cela avait plus de sens pour moi de créer ma propre marque. »

Mais difficile, à 25 ans, d’être prise au sérieux. Surtout quand ils sont peu nombreux à croire aux Made in France. Mais la créatrice a des convictions et entend y rester fidèle. « Je n’ai pas lâché, j’ai obtenu mon premier local commercial dans la foulée grâce à une banque qui a été plus souple que les autres », sourit-elle.

Si l’activité met du temps à se lancer, L’Atelier Tiket réussit à s’en sortir. Fanny fait tout : le dessin des modèles, la recherche de tissus, la découpe, la couture et la vente. Travailleuse acharnée, elle crée trois collections par an de prêt-à-porter— printemps/été, automne/hiver et cérémonies – et accessoires coutures pour femmes, de la taille 36 à 42. : « Au fil du temps, j’ai vu les mentalités changer. Avec la crise financière et le défi de l’écologie, beaucoup ont pris conscience qu’il fallait revoir son mode de consommation. »

Boutique en bas, atelier en haut

Alors, la Montpelliéraine décide de s’agrandir et déménage, en 2014, dans un plus grand local, au 29 rue Foch. Un lieu qui a la particularité d’accueillir la partie commerciale, avec boutique et cabine d’essayage et, à l’étage, tout ce qui caractérise une entreprise textile. Administratif, patronage, découpe, modélisme, tout y est. « Dès que j’ai pu, j’ai recruté pour ne pas être seule à travailler dans mon entreprise. »

L’atelier se trouve à l’étage au dessus de la boutique.

Diana prend les mesures, sur un papier adapté, des futures parties du patron.

La découpe est minutieuse : s’il y a un raté, il se retrouvera dans l’assemblage des futures pièces.

Une fois découpés, les patrons sont posés pour vérifier que tout est bon.

Les prototypes des vêtements sont assemblés à la machine avant essayage.

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Fanny s’occupe ainsi du stylisme : c’est elle qui réalise, en CAO (conception assistée par ordinateur), tous les croquis et parties des futures pièces. Celles-ci sont ensuite imprimées sur papier et transmises aux deux modélistes, Diana et Nathalie. Ce sont elles qui s’occupent de la mise au point du vêtement : elles découpent, assemblent, font et refont, jusqu’à atteindre la bonne coupe. « Ça peut prendre beaucoup de temps. Il faut trouver la bonne solution pour fabriquer des vêtements. L’avantage, c’est que Fanny est, elle aussi, modéliste, on se comprend donc bien », souligne Nathalie, la blonde de 40 ans.

 » Plus ça va, plus les obstacles sont difficiles à franchir. « 

Fanny Bannes

Mais la vie d’une jeune cheffe d’entreprise n’est pas toujours simple. Ainsi, ce n’est pas parce que la structure de Fanny Bannes grandit que les obstacles ne restent pas nombreux à franchir. « Plus va, plus les obstacles sont difficiles à franchir ! », lâche-t-elle, lasse. « C’est une question d’échelle. Pour continuer à grandir, nous avons besoin de distribuer notre marque. Mais mettre en place un réseau de distribution, cela demande du temps, et de l’argent. Il faut anticiper sur la matière première, les salaires, … » Alors, Fanny continue à chercher des financements pour faire grandir son entreprise. Qui ne connaît, jusqu’à présent, pas la crise.

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Créer grâce au vêtement

Comme beaucoup, Fanny Bannes aime créer. L’Aveyronnaise s’est initiée très tôt, en famille, aux joies de la couture. « J’ai tout de suite connu ma voie », sourit-elle. Surtout, elle a toujours vu le vêtement comme le bon moyen d’exprimer sa fibre créative. « Enfant, je dessinais des silhouettes sur lesquelles je projetais ce qui me passait par la tête. Certains ont la musique, moi, ce sont les vêtements ! »

Pour son inspiration, la créatrice puise dans un imaginaire proche du Japon. « C’est un pays qui me fascine. Les coupes épurées, le sens du détail, le mélange entre tradition et modernité… Le travail d’un Yohji Yamamoto, par exemple, m’inspire énormément. » Chemisiers croisés façon kimono, pantalons évasés inspirés du workwear japonais, motifs floraux, le vestiaire de l’Atelier Tiket se teinte effectivement des influences du pays du soleil levant. Au point qu’un tiers de ses tissus proviennent du Japon. « C’est la seule exception : quand on aime, on ne compte pas ! »

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Des habits durables et responsables

Fanny Bannes a voulu, dès la création de sa marque, s’inscrire dans une démarche durable : « Ça n’avait pas de sens de faire encore une marque de vêtements de mauvaise qualité. Je voulais me réaliser en faisant quelque chose de durable. Elle profite aussi du développement de label français et européen (Ecocert, Gots) pour trouver les bonnes filières d’approvisionnement et identifier les bons fournisseurs. « J’ai besoin de comprendre et de connaître les fournisseurs. Grâce à mes intermédiaires, j’ai pu découvrir des artisans exceptionnels, avec un savoir-faire à préserver. »

Pour ses créations, Fanny Bannes utilise des textiles japonais pour un tiers, et français ou européen pour le reste. Le tout, uniquement en matières naturelles. « Ça ne m’intéresse pas de travailler avec des matières synthétiques. Je veux du durable, donc des tissus qualitatifs. » Une qualité qui a un prix, avec des chemisiers à partir de 105 euros ou des pantalons à partir de 146 euros. « Pour une petite marque, faire durable et pas cher, c’est impossible. En achetant ici, c’est aussi un acte militant. »

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